Rétrospective des millésimes depuis 2003 : Château Haut Roc

Depuis 2003, cette rétrospective des millésimes du Château Haut Roc invite à plonger au cœur des défis climatiques qui ont sculpté l’identité du domaine viticole. Mais au-delà des aléas du temps, c’est une histoire de passion, d'engagement et de transmission. Chaque millésime révèle une constante évolution, où savoir-faire et créativité s'adaptent aux caprices de la nature, tout en incarnant l’engagement profond du Château Haut Roc pour une viticulture durable. Puisqu'ici faire du vin, ce n’est pas simplement exercer un métier, c’est une histoire qui coule dans les veines, de génération en génération. C’est une vocation enracinée, un appel du cœur, porté par l'âme même du vigneron

2017 – 2024 : face aux caprices répétés de Dame nature, la résilience 

Entre 2017 et 2024, le vignoble du Château Haut Roc est mis à rude épreuve. Grêle, gel tardif, pluies intenses… les aléas climatiques s’enchaînent sans laisser de répit. Mais, l'exigence reste maintenue. Ces épreuves renforcent la conviction : la viticulture biologique n’est pas une option ! La terre, (le sol et le terroir) est de plus en plus belle, forte et vivante que jamais ! 

Pour accompagner chaque pieds de vignes dans la durée, Gérald adopte des pratiques plus douces et respectueuses : la taille douce devient essentielle. Moins invasive, elle permet à la plante de mieux cicatriser, de rester saine et pérenne, millésime après millésime.

Millésime 2024 : entre gel, grêle et pluies, la réactivité paie

Malgré une pluviométrie record et une pression accrue des maladies, 2024 s'annonce comme un millésime plutôt bon, avec des blancs et rosés frais et fruités, et des rouges équilibrés. Cette année encore, dès le début du mois d’avril des épisodes de gel impactent les jeunes pousses sur les zones les plus exposées. Mai et juin ont été humides et orageux, avec une pression mildiou importante. La gestion phytosanitaire a demandé une grande réactivité pour protéger la qualité sanitaire du raisin. À partir de juillet, des épisodes de grêles cassent les belles journées ensoleillées marquant ici et là les raisins en formation. Les vendanges 2024 se sont déroulées entre mi-septembre et début octobre.

Millésime 2023 : un millésime technique

Le millésime 2023 a débuté avec un printemps particulièrement pluvieux, favorisant une pression mildiou historique. Le mois de juin a été l’un des plus compliqués à gérer dans le vignoble bordelais depuis des années, avec une croissance végétative vigoureuse, mais aussi des conditions très favorables au développement des maladies cryptogamiques. Puis autour du 20 aout, cela a basculé vers un temps très chaud, culminant avec une canicule exceptionnelle. Cette chaleur soudaine, combinée à une pluviométrie faible, a engendré un stress hydrique important, posant un vrai défi de calendrier pour les vendanges.

Millésime 2022 : sous haute pression mais de grande qualité

Malgré des aléas climatiques tels que gel, grêle et canicule, 2022 a été marqué par des températures élevées, une sécheresse persistante et de rares épisodes pluvieux. Après des gelées en avril, la croissance de la vigne a été accélérée par un printemps très chaud, suivi de canicules en juin et juillet. Heureusement, les pluies de juin ont permis de préserver l’état sanitaire des vignes.

La floraison a été rapide et homogène, et la véraison précoce. Bien que la chaleur ait limité la taille des baies, les raisins rouges ont développé une concentration exceptionnelle en composés phénoliques, promettant des vins riches et équilibrés. Les raisins blancs, malgré la chaleur, ont conservé un potentiel aromatique remarquable.

Le millésime a demandé une grande patience et une gestion rigoureuse des conditions extrêmes, mais les vins produits sont de grande qualité.

Millésime 2021 : une lutte acharnée pour sauver les raisins

Des conditions climatiques difficiles, notamment des pluies excessives et une pression accrue des maladies, ont nécessité une gestion rigoureuse du vignoble pour maintenir la qualité des raisins. Le millésime 2021 a été un vrai défi : entre gelées d’avril, mildiou, black rot, pluies incessantes et même invasion des cicadelles, Dame Nature n’a pas été tendre. Si la récolte a souffert de cette hétérogénéité, le mois d’octobre a offert enfin des journées ensoleillées, permettant aux raisins de finir leur maturation. Ce millésime a demandé une attention constante, une présence quotidienne à la vigne et une gestion minutieuse pour surmonter les aléas de cette année ingrate. 

Millésime 2020 : des vins rouges colorés

2020 a connu des épisodes de gel au printemps, suivis d'un été chaud et sec. Les mois de juillet et août ont offert des conditions idéales avec des journées ensoleillées et des nuits fraîches, assurant une maturation lente et homogène des raisins sur les sols argilocalcaires. Les vendanges ont été précoces, et les vins présentent une belle concentration avec des arômes de fruits mûrs. 

Millésime 2019 : des vins matures et sains

Des conditions climatiques équilibrées ont prévalu en 2019, avec un été chaud et un automne modérément humide, favorisant une maturation régulière des raisins avec des taux de sucres importants et un niveau d'acidité élevée.

Millésime 2018 : loin de la sérénité

L'année 2018 a été marquée par moment de forts épisode de grêles hyper stressant à vivre et une chaleur intense engendrant une sécheresse prolongée, entraînant une concentration accrue des raisins et des vins riches en arômes.

2010 – 2017 : soigner la vigne par les plantes et le cosmique

Entre 2010 et 2017, notre cheminement nous mène au-delà de la viticulture biologique : nous entrons dans l’univers exigeant et subtil de la biodynamie. Ce n’est pas une simple méthode, c’est une philosophie de vie, une façon d’écouter la vigne, la terre et les rythmes naturels avec une attention nouvelle. Nous étudions, expérimentons, et appliquons les préparations biodynamiques, en fonction des cycles lunaires et aussi des fleurs de Bach, ainsi que des dilutions homéopathiques. L’approche goethéenne nous invite à observer le vivant avec lenteur, intuition et profondeur. Chaque geste devient un dialogue avec la nature, nous récoltons, préparons et dynamisons nos propres pulvérisation. La vigne est accompagnée toute l’année grâce à des préparations à base de plantes médicinales — prêle, ortie, ail, saule, valériane, sauge — cueillies sur place et transformées en purins, tisanes, infusions ou décoctions. Ces remèdes naturels, appelés PNPP (Préparations Naturelles Peu Préoccupantes), permettent de stimuler les défenses naturelles de la vigne.

Au chai aussi, cette approche s’impose : nous faisons le choix de vinifications sans sulfites ajoutés, pour que le vin exprime librement son origine, sa vibration, son millésime. Nous apprenons à accompagner plutôt qu’intervenir, à faire confiance au raisin, à l’instant.

C’est une période d’apprentissage intense, de doutes parfois, mais aussi de grandes révélations. Une période où l’homme s’efface un peu, pour laisser toute sa place au vivant.

Millésime 2017 : un vignoble anéantit

Le gel sévère au printemps 2017 n'a pas épargné les vignes du Château Haut roc, ce qui a réduit considérablement les rendements. Mais les conditions estivales favorables ont permis de produire des vins de qualité à partir des raisins restants.

Millésime 2016 : un millésime réussi

Même si le printemps a été déficitaire en ensoleillement, les conditions climatiques ont finalement étaient idéales. L'été chaud et l'automne sec, ont permis une maturation optimale des raisins, aboutissant à des vins équilibrés et élégants.

Millésime 2015 : de beaux Cabernets

Un été chaud et sec a favorisé une maturation rapide des raisins en 2015, produisant des vins puissants avec une bonne structure. Le Cabernet-Sauvignon de maturation tardive a pu bénéficier d'une fin de mois de septembre et d'un mois d'octobre sec et ensoleillé.

Millésime 2014 : une bonne maturation des raisins

Après plusieurs années difficiles, 2014 a bénéficié de conditions climatiques plus favorables, avec un été chaud et un automne ensoleillé, permettant une bonne maturation des raisins.

Millésime 2013 : de faibles rendements à la vigne

Des conditions climatiques défavorables, notamment un printemps froid et humide, ont entraîné des rendements faibles et des défis pour la maturation des raisins.

Millésime 2012 : un vin d'assemblage de 4 cépages

Un floraison perturbée, un été capricieux et même si les rendements sont plus faibles, il y a de très belles expressions aromatiques sur les rouges. Les cépages blancs ont été récoltés le mercredi 19 septembre 2012. Le mout du blanc sec est un assemblage de 4 cépages : Sauvignon Gris, Sauvignon Blanc, Sémillon et Muscadelle : une innovation au Château Haut Roc.

Millésime 2011 : une pourriture noble incroyable

Un printemps chaud a entraîné une floraison précoce, mais l'été plus frais a ralenti la maturation, nécessitant une gestion attentive pour maintenir la qualité. Sur les Sémillons, la pourriture noble était magnifique ! Et l'Abel Cuvée a été créé afin de garder ce millésime incroyable en Liquoreux au travers le temps. En 2011, chaque matin, je partais avec mes ânes sur les parcelles enherbées, admirant la beauté de la nature qui m’entourait. Le ciel azur, le soleil brillant, et la vigne qui se préparait pour l’hiver avec la sève redescendant vers les racines créaient une harmonie parfaite. Ce millésime, particulièrement exceptionnel en liquoreux, m’a rappelé l’importance de prendre soin de la nature, d’observer chaque détail. Les feuilles d’or tombant sous le passage des palombes, tout semblait magique. En vivant en symbiose avec la vigne, j’ai trouvé un équilibre profond, comme le dit Pierre Rabhi : « Il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation… aimer et prendre soin de la vie sous toutes ses formes. »

Millésime 2010 : harmonie avec la nature

Des conditions climatiques favorables ont permis une maturation lente et régulière des raisins en 2010, aboutissant à des vins équilibrés avec une belle fraîcheur. En 2010, la récolte du Blanc Sec a débuté le 13 septembre, un vin plein d’âme et d’énergie. Alors que je parcourais les rangs de vigne, mes doigts effleurant les feuilles, je me sentais émerveillée par la beauté et la qualité de nos raisins. L'attente, les doutes sur leur maturité, et la question de savoir s'ils seraient aussi beaux lors de la récolte ont nourri ce moment de réflexion. Cette année-là, les conditions climatiques parfaites – nuits fraîches, journées ensoleillées et un hiver rigoureux – ont permis d'atteindre un équilibre idéal. Le métier de vigneron demande un investissement sans fin, mais ce fruit, cette pureté, me rappellent que notre vin est un reflet sincère de notre terre.

2006 – 2009 : conviction, expérimentation, et engagement militant en Bio

Entre 2006 et 2009, la viticulture biologique ne nous est plus étrangère : elle devient notre évidence. Nous expérimentons, observons, testons, et affinons nos pratiques au fil des saisons. Chaque action dans la vigne devient un acte réfléchi, engagé, respectueux du vivant.

Ce choix, nous l’avons fait avec passion. Il n’était ni tendance, ni commercial. Il relevait d’une volonté profonde de cultiver autrement, de retrouver le bon sens paysan, le lien au sol, au climat, au végétal.

Autour de nous, les regards sont parfois moqueurs, souvent critiques. Notre démarche dérange. Certains voisins nous tournent le dos, d’autres nous accusent de dogmatisme. Mais nous avançons, portés par nos convictions, et convaincus qu’une autre viticulture est possible, nécessaire même.

C’est à cette époque que notre engagement prend une dimension quasi militante, parce que nous savons qu’il ne suffit pas de produire du vin : il faut aussi défendre un modèle agricole durable, respectueux des sols, des plantes, et des gens.

Millésime 2009 : L'Excellence au Rendez-vous pour un Grand Vin

2009 a bénéficié d'un été chaud et sec, favorisant une maturation complète des raisins et produisant des vins riches, concentrés et équilibrés. Les Cabernets-Sauvignons étant extraordinaire, un très Grand Vin est né : Miss Terre Rieuse

En 2009, la récolte se présentait sous les meilleurs auspices. Grâce à un été ensoleillé, avec des nuits fraîches et très peu de pluie, la maturité des raisins était parfaite. Nous avons été épargnés par la grêle, et nous avons eu la chance d’obtenir un raisin sucré, coloré et fruité. Les premiers récoltés, le Blanc Sec et l’Instant Féerique, sont arrivés le 8 septembre, et la qualité du millésime s'annonçait déjà excellente. Bien que prudents, nous restions optimistes, car les baies étaient de petite taille mais prometteuses. Une année que Dame Nature nous a permis de savourer !

Millésime 2008 gelée et perte considérable de la récolte

La taille s'est terminée en février sous un beau soleil, et nous avons préparé notre terre argileuse et amoureuse, collante mais nourrissante, avec soin. La pluie est arrivée, nous permettant de mieux modeler nos sols. Cette année, l'amendement organique cible uniquement les parcelles qui en ont besoin, afin d'affiner l’expression de notre terroir. Nos ânes et nos chèvres se chargent du désherbage naturel, sans pesticides, tout en profitant des herbes sauvages locales. Les bourgeons des cépages de Sémillon et de Merlot montrent enfin leur nez, annonçant le printemps. Mais la gelée du 7 avril a durement affecté la récolte et notre santé mentale.

Millésime 2007 : savoir-faire de la viticulture biologique face aux défis climatiques

2007 a été marqué par un été frais et humide, entraînant des défis pour la maturation des raisins et une pression accrue des maladies. Nous avons fait preuve de rigueur pour obtenir des vins rouges de qualité. D'ailleurs sur ce millésime, l'Alliance Terroir du Château Haut Roc est sorti aussi bon que le Château Cheval Blanc Saint-Émilion Grand Cru Classé. La saison a commencé sous la neige, puis nous avons travaillé sous un soleil de plomb, avant que l'été ne soit maussade, fatiguant, et rempli de critiques négatives des journalistes et des météorologues. Pourtant, malgré les défis, les raisins étaient là, magnifiques, épais et charnus. Nous avons dû adapter nos traitements, utilisant des doses homéopathiques de cuivre pour lutter contre le mildiou, et avons travaillé sans relâche dans les vignes pour favoriser un microclimat favorable à la maturation des raisins. Fin août, de fortes pluies ont failli compromettre nos efforts, mais la chance nous a souri : nos vignes, implantées sur des coteaux, ont permis à l'eau de ruisseler, préservant ainsi la qualité du sol.

Millésime 2006 : un millésime de qualité

L'année 2006 a connu des conditions climatiques plus variables, avec des périodes de pluie et de chaleur. Cela a nécessité une vigilance accrue au vignoble pour maintenir la qualité des raisins. Le mois de juillet a été caractérisé par des températures caniculaires, comparables à celles de 2003, entraînant une concentration des sucres et des arômes dans les baies. Heureusement, septembre et octobre ont bénéficié d'un ensoleillement exceptionnel, permettant une bonne maturation finale des raisins et contribuant à la qualité globale du millésime.

Le tournant de 2005 : l’arrivée à La Boye

Les millésimes 2003 à 2005 ont été vinifiés à Gabarnac, fief de la famille Massieu et David dont est issu Gérald. C’est à cette époque, alors que le destin du Château Haut Roc a basculé. En passant devant une maison que nous admirions depuis longtemps, nous avons croisé le père Bernet, propriétaire à la Boye, Arbis, depuis toujours. Sur un coup de tête, je lui ai demandé s’il vendait. Il m’a répondu que non. Le destin, pourtant, en a décidé autrement. Quelques mois plus tard, il s’éteignait, et sa femme est venue nous proposer d’acquérir les vignes, le chai et la maison. C’est ainsi qu’en 2005, La Boye est devenue notre nouveau foyer viticole, ancrant plus profondément encore notre engagement dans ce terroir d’exception.

Millésime 2005 : un millésime d'exception

Des conditions climatiques idéales ont prévalu en 2005, avec un été chaud et sec suivi d'un automne ensoleillé. Cela a permis une maturation optimale des baies de raisins, produisant des Merlots et des Cabernets structurés, équilibrés et aptes au vieillissement. Les mois de juillet et août ont été chauds et secs, avec des nuits fraîches, offrant les conditions idéales pour une maturation lente et régulière des raisins.​ Septembre est ensoleillé avec des températures qui peaufinent la maturation, offrant des raisins à la fois riches en sucre et dotés d'une belle acidité. Les vignes de cépage Merlot sont superbes, le port de la plante se tient bien, la facilité de travail se fait sentir dans les rangs de vigne.

Millésime 2004 : naissance d'Abel

2004 a bénéficié de conditions climatiques plus modérées et le 13 juillet nous avions terminé les travaux de la vigne. La maturation fût plus lente avec une meilleure acidité, favorisant l'équilibre des vins.

Millésime 2003 – Canicule historique

L'été 2003 a été marqué par une canicule exceptionnelle, avec des températures dépassant les 40 °C. Nous avions entrepris l'ébourgeonnage des Cabernet-Sauvignon en maillot pour ne pas succomber à cette chaleur intense qui a entraîné une maturation rapide des raisins, des degrés alcooliques élevés donnant des vins puissants. ​